LES ANGES MERITENT LA MORT.
Christophe avait choisit l'endroit, la date et l'heure.
Il s'était installé au petit matin, avant le levé du soleil, sur un épais tapis de lierres ne pouvant laisser deviner sa silhouette à la bordure du bois qui délimitait le pré.
L'homme se levait tôt, il ne devait se douter de rien, il fallait le surprendre.
La tache semblait facile, mais le pire ennemi d'un homme a l'affut reste lui même. Perdu dans ses pensées, en ce lieu dont émanait les ondes négatives de son passé, Christophe pouvait encore percevoir l'écho des cris de douleur et d'effroi qui rythmaient ses nuits depuis maintenant plusieurs semaines. Il avait grandit avec le désir de vengeance, attendant son heure, que la nature fasse de lui un homme capable d'affronter ses démons, son démon, sa bête...
Il chassa toutes ces pensée encombrantes de son esprit pour se concentrer sur son objectif. Il lui fallait agir vite, avec précision, il ne pouvait laisser de place au hasard, tout avait été pensé, repensé, chaque éventualité avait été envisagée, il ne s'agissait pas de se faire prendre maintenant, car ici n'était que le commencement...
Cela faisait maintenant 20 bonnes minutes que le jeune homme, presque encore un enfant, scrutait la longère, en 10 ans, elle n'avait pas changée; preuve que lui non plus, l'homme qui y demeurait, n'avait pas changé. La porte principale lui faisait face, entourée de deux fenêtres, au milieu du bâtiment formé de 3 blocs en pierres apparentes. A gauche, les écuries, vides, il pensa un moment, encore et malgré lui, que le maréchal ferrant avait lui même abattu ses propres chevaux un soir de beuverie ou lorsque sa rage devenait si intense et les coups si violent qu'il préférait en faire profiter ceux qui peuvent encaisser. A droite, le garage, et la deuxième porte de sortie, la plus probable même, vu que c'était là que ses outils étaient rangés, et la Renault Express bleue, garée. Christophe savait que si ce dernier ne se montrait pas avant 7h00 il lui faudrait revenir le lendemain, au risque de réitérer les mêmes gestes multipliant ses possibles erreurs.
Une lumière s'alluma qui éclaira soudain les fenêtres de la maison, Christophe sursauta, il aurait aimé profiter encore un peu de la fraicheur matinale, réviser un fois de plus son action mentalement, mais il avait beau avoir tout planifié, il réalisa qu'il ne maitrisait pas la chronologie exacte des événements, ce n'était pas lui, mais sa cible qui donnait le feu vert du départ, il devrait y repensé pour la prochaine fois.
Il saisit son arme, une carabine à air comprimé mono coup modèle COMETA C220 Combo achetée librement sur internet et payée en contre remboursement sous une identité et une adresse bidon. Il savait d'avance que ce colis lui passerait entre les mains au centre de tri postal, il était courant que des paquets s'égarent dans les poche des ses collègues de la poste, et aucun d'eux ne s'en cachaient. Mais pour ce colis précis, il ne pouvait risquer une enquête interne déclenchée par l'expéditeur pour la perte d'un article non payé. Il dût donc remplir la paperasse en bonne et due forme et renvoyer l'enveloppe de paiement par les voies habituelles, avec la complicité de l'employé chargée des transferts d'enveloppes dont il laissa travailler l'imagination au sujet du contenu du paquet. L'absence du cachet de la poste n'éveillerait aucun soupçon du moment que l'argent parvenait au destinataire.
Il ne s'agissait que d'une arme de loisir, suffisante pour blesser mais pas pour tuer, surtout a une distance de 60 mètres, l'arme idéale en somme.
Son estomac se noua tandis qu'il ajustait sa position de tir, le coude droit profondémént enfoncé à travers le feuillage dans la terre meuble, l'épaule appuyée contre la cross noire de son arme, il chercha comment détendre ses musles sans perdre la précision de sa visée. Car il ne savait pas combien de temps cela prendrait, pour que l'homme pointe enfin le bout de son nez.
Une certitude cependant, il avait atteint le point de non retour, l'éventualité de remettre à plus tard venait de disparaitre, ne lui laissant plus qu'une option, acomplir ce pourquoi il était venu...
Au bout de quelques minutes, un mouvement derrière la fenêtre.
Christophe placa son oeil contre l'oculaire de la lunette.
La lumière s'etint.
Il positionna son doigt sur la gachette.
La porte s'ouvrit.
Il retint son souffle.
Une silhouette apparue.
C'était bien lui.
Christophe tira.